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 Dragul meu

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mortels - fondateur

N. Stelian Dobresti
 N. Stelian Dobresti

ARRIVÉ(E) LE : 05/10/2015
RÊVES POSTÉS : 359

PRINTEMPS : 33 ans
MÉTIER : Enfant star devenu la risée de toute une nation

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☁︎ Sujet: Dragul meuVen 15 Jan - 9:20

Dragul meu


Dragă Elias
Il avait rayé les deux mots comme on décide de gratter une plaie encore fraiche, laissant une cicatrice béante, sanglante ; brûlante. Un trait droit, net et précis. La phrase à peine commencée, et déjà le point final. Une bonne manière de résumer leur histoire, pas vrai ? Quelque chose qui ne s’était jamais vraiment achevée simplement parce qu’elle n’avait pas eu l’occasion de commencer. Un non lieu, un songe. Une coupure trop brève dans le temps qu’ils avaient refusé d’approfondir, qui existait par son absence. Quelles preuves lui restait-il de leur mésaventure ? Qui pouvait encore lui prouver qu’elle avait été réelle ? Stelian avait observé cette feuille blanche, un soupir lui échappant en guise de plainte, avant d'essayer de réécrire les mêmes mots. Tenter de se convaincre. Cher Elias. Cher. Comme si la vie de l’autre homme avait un prix. Le brun avait froissé la page et l'avait jetée par-dessus bord. Quitte à se laisser submerger, autant le faire avec dignité. Le prénom seul du blond revint alors se dessiner en haut de la copie suivante, le stylo courant comme s’il s’était langui de lui.
Il fait froid ici. Je veux dire, même entre les murs. Surtout entre les murs. C’est un peu étrange, cette atmosphère aseptisée et ses sourires travaillés. Il parait que c’est pour nous aider, pour ne pas qu’on soit pollué par le négatif… J’ai enfin le droit d’accrocher des photos sur les murs de ma chambre, alors la fille de l’accueil m’imprime ce que je veux. Je me retrouve coincé entre les tronches d’Elliott Smith et Van Gogh ; niveau positif on a vu mieux. Tu sais, il y a un type du centre qui m’expliquait que Van Gogh bouffait de la peinture jaune en croyant que c’était le seul moyen d’être habité par la joie. Se repeindre les intestins. C’est pas plus con qu’autre chose. J’ai dit au psy que j’aimerais bien pouvoir faire pareil. Du coup maintenant j’ai le droit de mettre ce que je veux sur les murs de ma chambre.
Stelian s’était enfoncé dans son siège. Il en avait oublié l’essentiel. Et pourtant, non. Si Elias avait été présent, il lui aurait dit les mêmes choses et il aurait sûrement passé dix bonnes minutes supplémentaires à lui raconter la vie du célèbre Vincent. On lui avait confié que c’était courant ; de remplacer certaines addictions par d’autres, de les transférer sur le moindre élément qui pouvait aider le patient à avancer. Pour ça que personne n’avait le droit de communiquer avec l’extérieur. Pas d’horaires de visite non plus dans ce genre d’institut afin de s’assurer que l’entourage ne viendrait pas réduire en poussière tous les progrès accomplis. Malgré tout, il fallait bien que le stylo court pour les maux s’estompent.
On a des cours de poterie tous les lundis. Je ne me débrouille pas trop mal. J’ai déjà fait trois tasses et un vase. J’irais l’offrir à ma mère.
Stelian n’était pas sûr d’avoir déjà confié à Elias ce qu’il était advenu de la pauvre femme. À quoi bon ? Le vase rempli de fleurs aurait sa place sur la tombe de Narcisa, et une place toute particulière dans son coeur.
J’ai aussi droit à des cours de dessin.
Inspiration. Les doigts savaient déjà où ils voulaient en venir ; le coeur lui, préparait le reste du corps à être le témoin de l’aveu qui allait suivre.
J’ai essayé de te dessiner l’autre jour. C’est difficile de le faire de mémoire, alors je ne suis pas sûr que mon portrait soit très flatteur. Tant pis. Je voulais juste t’avoir sur un coin de mon mur blanc.
L’impression d’en dire beaucoup sans pour autant rien dévoiler.
Au moins cette version-là de toi ne ronfle pas… J’espère que tu vas bien.
Crampes.
Je t’embrasse.
Point.



Stelian releva la tête. Recroquevillé sur le paillasson, assis devant la porte d’Elias, il l’aperçut alors. Il faisait froid ici aussi, l’hiver teintant les lèvres du brun de la même nuance violacée que le premier soir où Elias l’avait ramené chez lui. Dix ans maintenant. Jour pour jour ? Le plus jeune manqua de se briser la nuque en se relevant, pétrifié par l’insupportable attente, son coeur se broyant face à cette apparition. Stelian cru deviner une nouvelle ride sur le front du motard, et il se surprit à songer qu’il aimait le voir vieillir, les souvenirs s’alignant aux coins de ses yeux et de ses lèvres, stigmates laissés par leurs délicieuses erreurs et leurs jolies ratures. « Est-ce que tu… » Ses sourcils se froissèrent. Lui, qui se tenait devant la porte d’entrée, bloquant tout accès à la serrure ; l’autre, sa main désespérée à l’idée de trouver la poignée tandis que le pourpre semblait émaner de ses pores. Et là où certains se seraient décalés, Stelian resta immobile. « Elias. » Comme un reproche. « Fais voir. » Il s’approcha. Surtout ne pas le laisser entrer sans avoir mesurer l’ampleur des dégâts. Surtout ne pas le laisser filer. « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Obtenir une réponse. Enfin.
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Elias I. Nemeth
 Elias I. Nemeth

ARRIVÉ(E) LE : 14/01/2016
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☁︎ Sujet: Re: Dragul meuSam 16 Jan - 22:58

Son casque était bousillé. Un peu comme lui, en somme. La peinture, sur un côté, complètement arrachée, jusqu'à l'os, le crâne presque explosé en dessous. La visière avait éclaté en mille morceaux, aussi. Des centaines de petites épines de verre qui étaient venues lui frôler la peau. Un peu comme lui, parce que la vérité, c'était qu'en dessous, sous le casque, sous l'armure, c'était fragile. A un souffle de vent près de s'éclater sur le bitume à son tour. Et la tempête était passée. Allez recoller les morceaux quand les trois quarts se baladaient au gré du vent. Sous les habitudes, les gestes mécaniques du quotidien, la poignée de main cordiale, sous la couette, au fond du lit, lumières éteintes, les yeux ouverts, les chairs à vif. Et sur l'asphalte, peinture noire, bouts de verre et traces de sang. Les cloches de mille cathédrales avaient résonné dans sa tête alors qu'il était resté là, tache noire, sur le blanc immaculé parsemé de gouttelettes rouges. Il s'était hissé sur ses pieds chancelants, et avait enlevé le casque qui lui compressait le crâne. Ou peut-être que c'était l'air, ou que c'était son cerveau qui avait enflé, enflé, enflé à en venir toucher les bords. Sa moto gisait quelques mètres plus loin, ronflante et grinçante, couchée sur son flanc comme un cabot à l'agonie. Après l'avoir remise sur ses roues et vérifié son bon fonctionnement, il prit quelques instants pour reprendre ses esprits, non sans avoir d'abord frappé de toutes ses forces dans le premier objet inébranlable venu, qui s'était avéré être un arbre. Peut-être qu'il était vraiment resté trop longtemps, cette fois. Alors quand, au bout de cinq minutes à deux à l'heure sur l'engin, la planète entière avait décidé de tourner trois fois plus vite, que sa matière grise avait décidé de se liquéfier et de s'écouler par son nez, et que la neige avait décidé de se mettre à tomber à gros flocons, eh bien, on connaît la suite.

Elias avait fini par rentrer, lentement, parce que le froid qui lui léchait les yeux menaçait de lui arracher le visage s'il accélérait. Quelques silhouettes brumeuses se pressaient dans les rues, pressées de disparaître dans la chaleur d'un chez soi, de s'engouffrer dans la chaleur d'un sourire. Il fait froid ici. Le nœud dans la gorge, alors qu'il coupait le moteur. Le froid ne faisait pas partie des choses qu'il détestait à propos de son appartement. Le chauffage fonctionnait à plein régime. Même entre les murs. Un soupir, les dents serrées, les clés sorties en prévision. Surtout entre les murs. Il pressa le pas, désireux de rentrer assassiner sa migraine au plus vite, et de pouvoir pourvoir à la réparation ou au rachat d'un casque. La chute la plus bête, la moins impressionnante et la plus rapide de sa vie, assurément. Il se serait foutu de lui, avant de s'inquiéter, ou peut-être après. Non. Il aurait pu se scier la mâchoire, à trop la serrer.

Arrêt. Une demi-seconde, le temps de cligner des yeux. Et de faire un bond dans le passé. Le passé dans le présent, le présent qui blessait, qui se tordait de douleur sous les coups qu'ils lui infligeaient, qu'ils s'infligeaient. Le présent sanglant, fébrile, qui frémissait d'angoisse et d'extase à la vision offerte. Dix ans de souffrances plus tard, mais à n'en pas douter, c'était la même créature transie de froid qui levait les yeux vers lui. Aussi beaux que soient les feux d'artifice, ils n'en restaient pas moins des explosifs, et celui que la présence de Stelian sur le pas de sa porte déclencha dans son corps manqua de lui faire plier les genoux. Plier les genoux et baisser la tête, courber l'échine. Céder. Des milliers de fusée qui allaient lui éclater dans les reins, l'estomac, qui allaient lui repeindre le cœur, le ventre, le bout des doigts, d'autant de couleurs et d'émotions.
Violet. Douleur aiguë, au creux du ventre. La couleur glacée de ses lèvres, alors qu'il avait encore passé des heures là avec une immobilité de statue. Le violet interdisait le désir violent de se les accaparer pour les réchauffer. Le violet pleurait du gel, le violet disait arrête ça.
Bleu azur. Le baume au cœur, la joie indicible. L'ineffable. Il est vivant. Le palpitant qui se serre, comme un verre d'eau sur une plante desséchée, il avait repris forme. Repris vie. C'était le bleu de ses yeux, c'était juste le bleu de ses yeux, pas le ciel nuageux qu'il ne leur connaissait que trop bien. Le bleu respirait à nouveau, glissant dans un soupir, il a réussi.
Rose pâle. Le bout des doigts qui vibre. Les passer sur sa peau claire, dessiner les contours du visage, du cou, la clavicule. Et puis la forme du nez, le contour des yeux, le creux du coude, la paume. Le rose disait il est mien.
Et puis à côté de ces éclaboussures, il y avait une énorme mare de
rouge. Le poing qui se serre. Le sang versé, la rage, la colère, la colère. C'était les erreurs, les hurlements, c'était le corps qui vibre de fureur. Le rouge criait dégage.
Et puis tout autour, qui se répandait et avalait tout, tout, tout sur son passage, qui dévorait la couleur comme le feu dévore le bois, qui suintait comme le pu d'une plaie, il y avait le trou
noir. Le mal qu'ils s'étaient fait, les coups de vent et les absences, les regards jetés au vide. Le froid au fond de l'estomac, c'était l'hiver perpétuel, la nuit sans lune. C'était le fossé où ils s'en allaient pourrir au terme d'une blessure de plus, là où disparaissaient les cadavres de leurs bons moments quand les mauvais prenaient le dessus. Le noir pleurait, pleurait, pleurait, le noir c'était un peu la pluie de l'autre monde, c'était l'errance. Le noir ne disait rien.

Lui non plus, il ne disait rien. Il avait continué d'avancer, à deux pas, tout près, trop près. Trop loin. La respiration plus laborieuse, juste un peu. Les cotes qui peinaient à se soulever à trop vouloir se replier sur elles-mêmes. Il fait froid ici. Et puis Stelian fit un pas vers lui, et il fit un pas en arrière. Et puis ça résumait bien tout ce qu'ils étaient, pas vrai? Il aurait voulu qu'il arrête. Qu'il ne prononce pas son prénom comme on gronde un gamin, qu'il arrête de faire comme si tout était normal. Qu'il ne prononce pas son prénom parce qu'il adorait l'entendre le dire. Qu'il fasse cesser le malaise qui lui coupait les jambes.

Ce qu'il s'est passé, c'est qu'on s'est foutus en l'air.

«Rien.» Il porta une main à son visage, le sang séché. Quelques éclats de verre aux coins des yeux. Quelques courbatures le lendemain. Rien. Rien, il voulait rentrer, rentrer et rester bien à l'abri, caché dans la plus haute tour du château du déni. «Tu es clean?» Sans attendre de réponse, c'est lui qui fit un pas en avant. «Pousse-toi.» Et comme si ça ne suffisait pas, la tension, probablement, ou juste la malchance, et le sang qui coulait, à nouveau. Et un pas en avant, deux pas en arrière. Il avait reculé jusqu'au point de départ. «Je suis tombé en moto.» La vérité, sur un plateau doré. C'était peut-être bien la seule chose qu'il avait toujours offerte. «Content?»
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mortels - fondateur

N. Stelian Dobresti
 N. Stelian Dobresti

ARRIVÉ(E) LE : 05/10/2015
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☁︎ Sujet: Re: Dragul meuLun 25 Jan - 23:43

Il avait envie de lui dire d’aller se faire voir. Il avait cruellement envie de lui conseiller d’aller se faire foutre, d’aller pourrir la vie de quelqu’un d’autre. Comme à chaque fois que son regard croisait le sien. Ou plutôt non ; il avait envie de prendre ses mains et de les mettre à l’endroit où elles se posaient d’habitude, à l’endroit où il les laissaient divaguer souvent. Sur sa peau nue, sur son torse glacé, ou ailleurs, leurs doigts s’entrelaçant contre le matelas, l’air et le feu se rencontrant, tantôt pour éteindre la flamme, tantôt pour l’attiser. Personne ne pouvait les voir en train de s’aimer, ces deux amants maudits que la neige roumaine avait réunit, qu’elle avait anéanti. Personne. De toute manière, s’ils se risquaient à l’avouer, même à demi-mots ; s’ils le murmuraient au creux de la pénombre, qui pourrait seulement les croire ? Pardonnez-moi mon Père car j’ai pêché. Aucune eau n’était assez claire, limpide et pure pour les sauver. Aucune prière ne pourrait venir les sortir de leur Enfer, des braises sur lesquelles ils étaient condamnés à piétiner jusqu’à ce que le feu reprenne une énième fois. Elles leur cramaient la peau et ils avaient la chair à vif, mais qu’importe. Stelian voulait quand même ses mains sur lui, toujours, en pleine lumière ou dissimulés par le plus épais des brouillards, à Cluj ou dans un autre monde, aux plus hauts des cieux ou dans les abysses les plus profondes. Personne ne pourrait les croire, les voir. Jamais. Leurs draps les abritaient du reste de l’univers, les recouvrant d’une épaisse couche de coton, nuage molletonné ou manteau de neige parfois quand leurs étreintes semblaient désespérées. Stelian ne se doutait pas de l’existence de quelconque fantôme, il ne connaissait que les regrets et ceux-ci étaient déjà impitoyables ; mais s’il avait su, si seulement il avait su, il se serait rendu compte que même le plus voyeur des damnés n’aurait jamais pu les surprendre, un épais voile tendu au-dessus de leurs épaules, la porte vers un univers qui n’appartenait qu’à eux.

Stelian aurait voulu le tirer vers lui comme il faisait d’habitude, scellant ses lèvres en y posant les siennes. Juste pour qu’il se souvienne de ça, tout ça. Mais ce n’était pas grand chose pour lui, n’est-ce pas ? Une sensation de déjà vu, un refrain qu’il avait déjà rejoué en boucle et dont il commençait à se lasser. Pas Stelian. Jamais Stelian. Même si Elias avait été occupé à aimer quelqu’un d’autre, il aurait attendu là, bêtement, sagement, le regard vide tendu vers l’infini ou le néant, en espérant que son tour arrive bientôt et qu’il pourrait reconquérir un territoire souvent perdu. Il aurait pu se laisser mourir des milliers de fois contre lui, rassuré à l’idée que son âme se retrouve entre les bonnes mains. Ou en tout cas, qu’elle s’envole entre les bons bras. Son coeur se souvenait trop mais son corps pas assez, et le brun avait besoin que le blond lui rappelle, qu’il le fasse haleter des heures durant en le priant, en le priant de l’achever, là, maintenant, entre ses draps, entre ses bras, du bout des lèvres ou de ses doigts. Il verserait sans doute une larme, la joue collée contre l’oreiller, ses paumes entre les siennes, la taie absorbant bien vite la preuve de cette vive émotion. De la peine ? Celle de se savoir enfin à lui. Celle de se savoir pour lui, toujours pour lui, comme depuis dix ans, comme pour le restant de ses misérables jours. Et puis cette brûlure, au creux de ses reins ; cette douleur dont il ne parvenait pas à se passer depuis qu’il y avait gouté. Jusqu’à ce que leurs deux corps ne se déchirent à nouveau et que la souffrance soit encore plus grande, plus vive. Non. Encore. Contre lui, autour. Encore.

Le sourcil contrarié, Stelian n’avait cependant pas bronché, restant planté là, sentant son coeur ne faire qu’un bon lorsqu’Elias se rapprochait, qu’il se tenait trop près de lui pour que le brun puisse encore faire appel à ses capacités cérébrales. Le plus jeune observait son aîné tituber, ce dernier visiblement désorienté ; ou simplement partagé entre l’intérieur et la fuite, le foyer ou l’inconnu. N’était-ce pas là une bonne façon d’expliquer tout ce qu’ils s’étaient refusés à vivre ? La main de Stelian agrippa fermement le bras du blond, l’empêchant de tourner de l’oeil, le retenant avant qu’il ne s’écrase ou qu’il ne décide de faire demi-tour. Peu importait dans le fond, Stelian ne cesserait pas d’exister, où qu’il soit. Non, il ne lui ferait pas ce plaisir. Il ne l’arrangerait pas en disparaissant une bonne fois pour toute. Il avait failli. Il ne l’avait pas fait. Il avait réussi. « Non. » Le ton aussi sec et froid que la glace même, mais le regard perdu. Non, quoi ? Non, il n’était pas content et il ne le laisserait pas obtenir gain de cause aussi facilement. Non, il ne tournerait pas les talons sans s’être assuré que tout irait pour le mieux. Et il avait franchement envie de lui dire d’aller se faire foutre, mais les mots ne vinrent pas. Après tout, Elias avait le droit de lui en vouloir, pas vrai ? Il avait toutes les raisons du monde de le repousser de la sorte, de lui dire d’aller au diable. Seulement c’était lui, le diable. « Viens par là, au lieu de dire n’importe quoi. » Stelian tenta de récupérer les clés, gardant un oeil sur le motard chancelant, le maintenant en équilibre du mieux qu’il le pouvait par la pression de sa paume près de l’épaule de celui-ci. Il parvint à reprendre les devants, détournant son regard à peine plus d’un instant, ouvrant la porte et les guidant à l’intérieur, laissant Elias s’écraser sur le sofa. Le brun referma derrière eux, lâchant les clés au hasard sur le premier meuble, se précipitant vers la salle de bain afin d’y dénicher de quoi retirer les bris de verre encore ancrés dans la peau du blond, mais également de quoi désinfecter et panser les plaies ; et concentré, Stelian extirpa ensuite de la chair tout ce qui était étranger aux blessures. « Arrête de gesticuler, tu veux. J’ai pas franchement envie de t’éborgner. » Pas la moindre once de compassion ou de sympathie ; pourtant sa voix tremblait. Pourtant sa lèvre inférieure, inquiète et frémissante, le trahissait. « Je t’avais prévenu, je t'avais dit que tu finirais dans le décor avec cette moto. Est-ce que tu as vu la neige qu’il y a dehors et sur les routes ? » Des réprimandes qu’il n’avait pas l’habitude de proférer. Et toujours cette boule dans sa gorge qui commençait à l’exaspérer ; qui commençait à l'étouffer.
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Elias I. Nemeth
 Elias I. Nemeth

ARRIVÉ(E) LE : 14/01/2016
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☁︎ Sujet: Re: Dragul meuMar 2 Fév - 15:48

Toujours, Stelian avait été l'évidence. Le problème. Simplement, à la différence des autres, c'était un problème qu'il ne parvenait pas à éviter, qu'il ne pouvait et ne voulait pas contourner, et qu'il ne pouvait pas se décider à résoudre. A affronter. Alors, à la place, il se contentait d'aller se perdre dans les lignes de l'équation, trouvant refuge entre les draps, les bras, les hanches. Il suffisait d'aller perdre haleine dans la complexité des courbes, de s'abîmer les yeux à décalquer l'extase, d'écouter la douce mélodie de l'énoncé, des formules; il suffisait de murmurer des incohérences, des théorèmes inventés, de tracer des droites parallèles qui se croisaient sans cesse, et il oubliait qu'il y avait eu une question. Il n'avait pas voulu réaliser qu'il était aussi la solution. La résolution. Alors il faisait des erreurs, il ajoutait des inconnues aux formules, il raturait les bonnes réponses, et s'évertuait à diviser et soustraire plutôt que de multiplier. C'était plus aisé de se tromper. Il suffisait de fermer les yeux et de se complaire dans les fautes.

Un frisson. La chair qui rencontrait la chair. Ou la veste mais, chez lui, ça voulait dire la même chose. Il avait sursauté, le contact inattendu et violent. Déshabitué, presque. Il sentit sa respiration faire une pause, un repos, un soupir, avant de reprendre son cours. L'attraction était presque physique, la tension lui hurlait de le coller au mur le plus proche ou de s'enfuir en courant. Palpable, il aurait pu tendre la main et toucher l'électricité. Il aurait effleuré le visage de Stelian, mais il n'y avait pas vraiment de différence. Il était sa seule difficulté, après tout. Des myriades de coups de jus. Mais la confusion, la migraine, peut-être, l'avaient maintenu immobile, greffé au bout de deux jambes instables. Il avait fixé son regard sur la main posée sur son bras, s'était momentanément perdu dans un froissement de corps, puis avait, obstinément, relevé les yeux vers Stelian. Le sourcil haussé, le rire bref, désabusé et un rien sarcastique, le mouvement las de la tête, le tout accompagné d'un soupir et d'un regard franchement moqueur. La réponse était toute prête, il l'avait dans la tête, chaque étape se succédant docilement, avec une souplesse et une fluidité renforcées par des années de pratique. Mais la négation stagna dans l'air sans susciter de réponse de sa part. Son visage s'était figé en cette expression étrange où la surprise était venue teinter la détermination féroce qu'il avait mise en œuvre pour ne pas se laisser atteindre. En vain. Pas qu'il allait l'avouer, ni se l'avouer, bien sûr. C'était le choc, voilà tout. De l'accident, bien sûr, pas de voir Stelian lui tenir tête. Pas de voir Stelian tout court. Bien sûr.

Il batailla quelques instants pour garder le contrôle, sortant machinalement les clés de la poche de son jean avant que Stelian ne les trouve, les déplaçant temporairement hors de sa portée. Après tout, il ne pouvait pas juste céder. Il ne pouvait pas rendre les armes et le suivre gentiment à l'intérieur, docile, obéissant, soumis à la moindre de ses demandes. «Je vais bien.» La protestation était vide. Il aurait voulu râler et pousser sa main, mais il fallait avouer qu'il se sentait légèrement sonné et chancelant. Trop fier, trop borné. Trop effrayé. Trop pour passer les commandes et se laisser guider. Ils n'en seraient certainement pas là, s'il l'avait fait. Qui savait où exactement ils seraient? Stelian les aurait peut-être emmenés tout droit en haut d'une montagne, dans un modèle classique et formaté de couple, et il se serait laissé bercer le long de la route. Couple. Il aurait grincé des dents. Ou peut-être qu'il aurait pris les mêmes détours, fait les mêmes manœuvres. Cela ne servait à rien de spéculer sur ce qui aurait pu être. C'était l'un de ses slogans. Le passé reste au passé. Dit cliché qui veut, c'était ce qui lui avait permis de ne pas regretter d'avoir tiré le nom de Cluj, de ne pas avoir maudit sa sœur pour avoir choisi le mauvais morceau de papier. Finalement, en comparant la résolution de Stelian et son propre mal de tête croissant, il finit par le laisser les prendre dans un soupir. Montrer qu'il le faisait de mauvaise grâce.

Il tomba sur le sofa avec autant de délicatesse et de légèreté que tout un régiment de chasseurs, suivant des yeux la chevelure brune qui se déplaçait sans hésitation dans son appartement. Il aurait dû tout changer de place, rien que pour le voir s'interroger et chercher. Pas tellement les objets, mais les réponses. Pourquoi tout a bougé? Qu'est-ce qui a changé? M'enfin, il n'allait pas non plus prétendre que c'était exactement ses cheveux qui avaient attiré son regard. Dans un «fais comme chez toi, surtout» à peine audible, qui ressemblait plus fortement à un grognement désapprobateur qu'à une quelconque phrase, il se força à détourner son attention du plus jeune, au profit de ses chaussures, qu'il entreprit d'enlever prestement, s'installant aussi confortablement que possible sur un canapé qui, aujourd'hui, semblait être fait de pierre. Lorsque le brun refit son apparition, Elias se demanda vaguement où il avait réussi à trouver des produits qu'il ne savait même pas avoir, mais soupira plutôt que de s'étonner. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il aurait passé sa tête sous l'eau, pris deux cachets et aurait dormi jusqu'à ce que ça passe. Apparemment, Stelian avait d'autres plans. Et de le voir si près, ses doigts occupés à nettoyer sa peau, le plus âgé trouva difficile de rester immobile, et concentré. D'où, sans doute, la remarque qui suivit. Remarque qui ramena les yeux d'Elias sur le visage de Stelian, qu'il s'appliqua ensuite à détailler, tentant vainement de savoir ce qu'il devait faire ensuite. Salir les lèvres encore violacées par le froid avec son sang semblait être le plan le plus intéressant.

Jusqu'à ce qu'elles s'ouvrent à nouveau, et la suite s'écrivit d'elle-même. Il recula, atteignant le bord du canapé. «J'en ai rien à foutre de ce que tu m'as dit, Stelian.» Le ton était calme, mais il avait cette habituelle vibration. La colère sous-jacente. C'était excessif, il en était conscient. C'était délibérément blessant, il en était conscient. C'était d'autant plus excessif que ça n'était pas vrai. Il alla même jusqu'à se lever, traversant la pièce en deux enjambées. Puis dans l'autre sens. Plus ils étaient loin, mieux cela valait. «Si t'es juste venu dire ça, tu sais où est la sortie.» Il s'arrêta pour le regarder, ignorant le vertige qui accompagna son demi-tour. «D'ailleurs, pourquoi t'es venu?» Peut-être que s'il pensait à son comportement, s'il se voyait constamment le repousser, peut-être que ça le ferait changer d'avis, changer d'idée. Mais il n'y pensait pas, il y avait juste le maintenant, et l'obstacle. «Tu veux quoi?» Stupide. Il avait le cerveau en feu. Il aurait voulu fermer tous les volets et enterrer son visage dans un oreiller. Le blond retourna s'appuyer contre le dossier du canapé, posant une main sur son front douloureux. «Et merde.»
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☁︎ Sujet: Re: Dragul meu

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